J'aurai 67 ans à la fin du mois.
Au fil des années, je me vois vieillir tout doucement et…très certainement. Il y a les pattes d’oies, rides, ridules, faiblesses, douleurs, ramollissements et autres flétrissures du corps qui n’ont, pour moi, pas encore de véritable importance, puisqu’ils me ralentissent peu !
Lorsque je regarde mes seins, confiait en riant une sémillante jeune femme de presque 80 ans à l’émission d’Oprah Winfrey,
j’ai l’impression d’assister à une course : lequel des deux arrivera à ma taille le premier ?
Avec les années, il y a l'apprentissage du deuil, de toutes sortes de deuils.
À l’été de 1999, j’avais 55 ans, la femme forte, pétante de santé et d’énergie que j’étais, a frappé le mur et pris conscience de sa vulnérabilité lorsqu’un diagnostic d’arthrite rhumatoïde est tombé. Ont suivi après le choc initial, la révolte, le refus, la recherche constante d’informations, l’intention bien arrêtée de me battre contre une situation où je ne me reconnaissais pas, et j’ai finalement apprivoisé la bête. Je suis guérie, ou presque, mais on me dit en rémission, terme médical que j’ai d’abord détesté, qui sous-entend la maladie est toujours là, à l’affût, prête à frapper… Vilaine, cette habitude qu’a la médecine d’installer la maladie à l’extérieur de nous, de refuser de voir qu’elle puisse parfois être notre création, inconsciente, mais création tout de même ! Un matin, j’ai décomposé le mot
ré mission et me suis donnée une nouvelle mission, celle de vivre à 100%, de jouir comme une perdue de cette belle et nourrissante aventure qu’est la vie ! Maintenant, j’ai rarement mal et je remercie à chaque jour pour ce que cette difficile et désagréable maladie m’a appris.
Au bilan donc, je vieillis plutôt bien , heureuse d’avoir dépassé une frontière, où n’ont plus place les attentes, les ambitions effrénées bien que légitimes du passé. Parce qu’il y a, n’en déplaise à nos beaux jeunes et à certains moins jeunes, des avantages à vieillir ! Confrontée à l’ombre de la mort, les points de vue changent, le poids des choses aussi. Ce qui, à trente ou quarante ans, me faisait courir, m’inquiétait, me torturait, me fait maintenant sourire, tout au plus soupirer ! Et s'il m'arrive d'enrager, je passe tellement plus vite en mode "solution"! Il y a quelque chose de réconfortant à quitter la masse de ceux qui
font pour joindre les rangs de ceux qui
sont (ce qui ne m'empêche pas de
faire à mes heures)! On peut
être à tout âge me direz-vous, mais rares sont les plus jeunes qui s’y mettent vraiment, pour ma part, je dérogeais souvent à leur âge ! Et puis, je les comprends encore ceux qui
font, il m’arrive même de les envier parfois... Mais, il y a, disent les sages, un temps pour chaque chose ! Et j'ai laissé le volant à d'autres avec plaisir... pour aller marcher dans le paysage que je voyais défiler à toute allure jusque là!