Je suis peut-être le nombril de MON monde intérieur (peut-être, c'est pas sûr!) mais le monde a très bien vécu avant moi et continuera de le faire longtemps après moi. Je l'ai compris toute jeune. C'est probablement ce qui est l'origine de ma passion pour l'Histoire!
À en juger par l’intérêt croissant pour les racines, d’où et de qui l’on vient, pour la généalogie, les recherches de patrimoine familial et les sagas historiques, le clivage entre générations n’a, de toute évidence, pas réussi à tuer la curiosité des origines, de ce que fut la vie avant nous ! Parce que non, nous n’avons pas inventé la vie, elle a commencé bien avant nous et nous ne pouvons que la véhiculer à notre tour ! L’Histoire, un temps reléguée aux oubliettes de la modernité, secoue la poussière accumulée et redevient ce qu’elle est, un témoignage vivant des êtres de chair et d’os qui nous ont précédés, le récit d’événements bien réels qui ont mené là où nous en sommes aujourd’hui.
Très tôt, l’Histoire sous toutes ses formes m’a passionnée. Enfant et bien avant l'école, les mots « hier, aujourd’hui, demain » me semblaient chargés d’une signification mystérieuse. Un peu plus tard, j’ai compris que les personnes dont parlaient mes livres d’histoire avaient été bien réelles, aussi réelles que celles que je côtoyais, et surtout plus réelles que ce qu’en disaient les manuels d'Histoire d'alors. Ces personnes de nos manuels, ces héros, ces bâtisseurs, ces traîtres, ces vaincus, avaient vécu, eux aussi, les lenteurs du quotidien, ils avaient aimé, dormi, mangé, comme tous les humains de toutes les époques. De fait, ce n’était pas tant les « événements historiques » qui m’intéressaient, que la nature intime de ceux qui les avaient vécus et la relation qu’ils avaient eue avec leur époque.
Bien avant l'application de "la Réforme scolaire", il y a plus de 50 ans, j'ai eu, quelle chance, comme professeur une magnifique folle (une religieuse de surcroît) que l'Histoire passionnait. Elle enseignait la quatrième année du primaire. Ne s'était-elle pas mise en tête certain jour de nous faire revivre l'odyssée de Louis Jolliet et du Père Marquette le long du fleuve Mississipi! Qu'à cela ne tienne, un canot (de carton) fut construit, quelques vieilles chemises de laine nous habillaient, des plumes pour les tribus indiennes. Je personnifiais Louis Jolliet. Le père Marquette et moi avons donc navigué d'une allée de la classe à l'autre, en nous arrêtant pour saluer les tribus et échanger des marchandises, ceci jusqu'à atteindre l'embouchure du Mississipi. Inutile de dire que cette portion de notre Histoire fut acquise pour toujours. Nous avions compris (comme les enfants peuvent le faire) comment un tel voyage pouvait être périlleux et difficile, passionnant aussi!
Il y a différentes manières d'aller vers l'Autre; l'Histoire en est une!
4 commentaires:
ayoye, cette religieuse avait trouvé La façon d'enseigner...
Il faudrait plus de professeurs de cette trempe.
Etudier l'histoire, c'est le seul moyen qui permet d'avancer sans toujours répéter les mêmes erreurs.
Une très grande pédagogue, ta prof de 4e année, une éducatrice passionnée, elle vous a transmis sa passion, son goût de connaître et d'approfondir les sujets. Et toi, tu avais déjà des dispositions naturelles!
J'aime aussi l'Histoire comme tu nous la présentes, d'ailleurs j'adore me faire raconter des histoires, des vraies, des faits vécus, tant dans la petite histoire très anecdotique que dans la grande Histoire avec un grand H.
Je trouve formidable que tu spécifies qu'elle était religieuse, cette prof que tu as aimée. Certaines ont investi toute leur vie dans l'enseignement, d'autres dans la santé et les services sociaux, d'autres dans des organismes de lutte contre la pauvreté, etc. Elles étaient de grandes dames dévouées sans lesquelles notre société n'aurait pas été la même. Ça me fait toujours de la peine et je trouve injuste qu'on ne s'en souvienne déjà plus, quand on jette le bébé avec l'eau du bain parce qu'il y a eu des abus de pouvoir (innombrables et épouvantables j'en conviens) des hommes du clergé. Elles n'y étaient pour rien, ces femmes généreuses mais elles en subissent les conséquences, la non reconnaissance de ce qu'elles ont accompli.
Nous avons une passion commune donc, je suis historienne de formation, même si je ne trvaille plus dans ce domaine depuis longtemps. J'ai toujours aimé l'éclairage que nous donne le passé sur notre présent. Un peuple qui ne connait pas son histoire est un peuple amnésique :(
Comme ton billet me touche droit au coeur...
"De fait, ce n’était pas tant les « événements historiques » qui m’intéressaient, que la nature intime de ceux qui les avaient vécus et la relation qu’ils avaient eue avec leur époque."
Et ta magnifique folle m'a fait verser quelques larmes, parce que la passion de l'enseignement ne s'apprend pas, elle est, tout court. Je me rappelle avoir eu aussi des folles et fous comme enseignants; Marcelle Gauvreau, botaniste. Une école porte son nom à Laval. Il y eu aussi soeur Marcelle Corneille et Jean-Pierre Vetter en piano. Je crois qu'ils sont tous sur Wikepedia. Ils m'ont transmis cette passion. Je suis enseignante en musique.
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