Pour faire suite, voici le texte intégral paru dans l'excellent Rue Frontenac http://www.ruefrontenac.com/
ce matin. Tirez-en vos propres conclusions.
Monsanto en Haïti : un nouveau tremblement de terre !
Écrit par Jessica Nadeau
Des organisations d’agriculteurs haïtiens, appuyés par des groupes québécois et canadiens, dénoncent la multinationale Monsanto, qui «profite» du tremblement de terre pour s’implanter dans le pays dévasté, grâce à un don de 475 tonnes de semences de maïs et légumes hybrides distribués aux agriculteurs haïtiens par l’Agence américaine d’aide internationale (USAID).
Un «don» considéré comme un «cadeau mortel» par Chavannes Jean Baptiste du Mouvement paysan de Papaye (MPP), qui lance un appel à la solidarité internationale pour dénoncer «Monsanto et ses complices» à travers l’organisme Mouvement paysan international Via Campesina.
«Monsanto profite de la catastrophe qui est arrivé chez nous et de l’ignorance des paysans, explique l’agronome de réputation en entrevue téléphonique avec RueFrontenac.com Chez nous, jamais on n’avait entendu parler de Monsanto et de ses produits agro-toxiques avant le tremblement de terre. Et soudain, ils débarquent avec leur cadeau empoisonné, leur cadeau mortel qui attaque l’environnement, la biodiversité, qui empoisonne l’eau des puits et les micro-organismes dans le sol. Et ils disent qu’ils viennent nous aider...»
Malgré la situation très difficile qui sévit en Haïti depuis le tremblement de terre du 12 janvier, les paysans haïtiens ne sont pas intéressés à obtenir de l’aide de Monsanto, le géant américain qui se spécialise dans les OGM et qui est à l’origine du fameux «agent orange» utilisé pendant la guerre du Vietnam. Au contraire, plusieurs d’entre eux estiment que l’arrivée de maïs et de légumes hybrides offerts par Monsanto portera atteinte à l’agriculture locale à long terme et évoquent même la «fin de l’agriculture» en Haïti.
«Que ce soit des semences OGM ou des semences hybrides, pour nous, c’est du pareil au même, répond Chavannes Jean Baptiste. Les conséquences vont être très nocives car la pollinisation va détruire les semences locales et donc va tuer l’agriculture paysanne.»
Il affirme par ailleurs qu’Haïti n’a pas de laboratoires de contrôle pour vérifier la qualité des semences offertes par Monsanto et il redoute plus que tout d’avoir à «traiter avec des produits hautement toxiques interdits aux États-Unis et qui vont nous empoisonner, en plus de tous les malheurs que l’on vit déjà».
L’agronome va même jusqu’à évoquer la catastrophe pour comparer l’ampleur des dommages. «Monsanto, c’est le nouveau tremblement de terre. Nous avons eu 300 000 morts en janvier. Mais si Monsanto réussit à détruire les semences locales et la biodiversité et à nous empoisonner à petites doses, ce sera encore pire.» Il dénonce ce projet criminel et entend bien faire entendre sa voix en organisant une immense marche dans les rues de Hinse en Haïti vendredi.
«Nous allons faire une grande marche avec quelque 10 000 paysans, nous allons distribuer des semences locales pour informer les paysans des dangers des semences hybrides que Monsanto est déjà en train de distribuer un peu partout dans les boutiques agricoles. Monsanto trompe les paysans haïtiens. On leur dit que les semences ont un meilleur rendement, mais ce qu’on ne leur dit pas, c’est que ces semences doivent être accompagnées d’engrais chimiques et de pesticides - produits vendus par Monsanto.»
Solidarité québécoise et canadienne
Leur appel de solidarité a été entendu par plusieurs groupes québécois et canadiens qui supportent l’initiative des agriculteurs haïtiens. Ils se regrouperont vendredi matin devant le bureau du consulat d’Haïti, boulevard René-Lévesque à Montréal.
«Ce soi-disant "don" est une atteinte aux agriculteurs haïtiens et à la survie de leurs variétés locales», précise Benoît Girouard de l’Union paysanne dans un communiqué écrit conjointement avec les autres supporteurs du mouvement paysan haïtien.
«La souveraineté alimentaire ne peut pas s’acquérir par des semences hybrides ou génétiquement modifiées», précise à son tour Sébastien Rioux de l’organisation HAÏTI, une semence un pays. Nous dénonçons grandement l’envoi de semences provenant de la compagnie Monsanto, qui mettra en péril la pérennité de l’agriculture haïtienne.»
«Monsanto veut envoyer ses semences en Haïti pour assurer son propre avenir, non pas l’avenir des agriculteurs haïtiens », dit Lucy Sharratt, coordinatrice du Réseau canadien d’action sur les biotechnologies (RCAB), qui dénonce notamment la «dépendance accrue» future des paysans envers la multinationale, ses semences et ses produits chimiques.
La réponse de Monsanto
Pour sa part, Monsanto affirme sur son site Web que «le ministre de l’Agriculture haïtien a approuvé notre don et nous a assuré que les graines sélectionnées étaient appropriées pour les conditions de culture et les pratiques agricoles en Haïti».
Quelque 60 tonnes de graines de maïs, de choux, de carottes, d’oignons, de tomates et d’épinards ont déjà été envoyées par Monsanto au début du mois de mai. Le reste devrait suivre dans les semaines qui suivent. L’envoi et la distribution sont orchestrés en Haïti par le projet WINNER de l’Agence américaine d’aide internationale (USAID), qui donne les semences aux marchés d’association d’agriculteurs qui, eux, pourront vendre ces graines à moindre coût aux agriculteurs locaux.
Le projet WINNER et Monsanto estiment qu’ils pourront rejoindre quelque 10 000 agriculteurs haïtiens cette saison.
4 commentaires:
Oh misère... je n'étais pas au courant. Oui, LE tremblement de terre, de Terre! Les mots de mépris que j'aurais envers Monsanto n'ont pas encore été inventés.
La cupidité humaine me surprendra encore, qui n'a pas de fond, sauf monétaire. Et Round Up et cie vont suivre. Même propriétaires, même dégueulasseries.
Merci pour cette précieuse bien que dévastatrice information. J'irai voir ce que Jean-François Labadie en dit, lui, un intervenant sur place.
Zed
J'avais lu cette info et j'avais l'intention de la publier également sur mon blogue.
C'est terrifiant...
J'ai lu moi aussi sur ce sujet, quand il y a des catastrophes il se trouve toujours des gens pour profiter de la situation, et c'est quand arrive les dommages que les autorités réagissent.
Je n'étais pas au courrant, je vais mettre ton blog dans mes favoris et revenir le lire.
Mais si cela t'intéresse j'ai aussi écrit une série de billets sur Haiti, 3 ou 4 et là je prends une pause, mais le dernier portera sur la crise du cochon haitien ou comment les producteurs blancs et riches de porcs roses et commerciaux ont réussi à faire abattre TOUS les cochons noirs haitiens (race semi-sauvage et fort résistante) à cause d'une pseudo grippe porcine inexistante et à vendre à haiti des cohcons roses totalement inappropriés !
Vives les profiteurs !
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