Samedi dernier, sortie cinéma. Il fallait que je vois "Incendies", j'en sentais l'urgence. Je me sentais aussi un peu inquiète, presque angoissée: on m'avait dit que le film parlait de violence, de guerre, et j'ai horreur de la violence! J'y suis allée tout de même, intuitionnant y trouver quelque chose de grand, de puissant. Au cinéma, j'aime être brassée, questionnée, bousculée...en autant que le film soit intelligent!
Eh bien, pour ce qui est d'être brassée, je l'ai été... comme tous les spectateurs dans la salle. Nous sommes sortis dans un long silence. Je portais à la fois une tempête cyclonesque et un immense sentiment d'amour! J'étais aussi sidérée, tétanisée par ce que je venais de visionner. Il m'a fallu quelques jours pour commencer à y voir clair! Et il m'en faudra encore plusieurs, pour le digérer un tant soit peu!
Merci Denis Villeneuve pour cette prodigieuse odyssée moderne toute en retenue. Pas besoin d'esbrouffe quand le sujet est plus grand que nature! Le film "Incendies" porte oui, sur la guerre et ses horreurs, mais aussi sur l'amour inconditionnel, celui qui nous propulse en avant, hors de nos étroites limites humaines. Donc pas de place là-dedans pour l'amour faiblard qui ne dure que le temps d'une prise de vue et qu'on oublie vite. "Incendies" est un film dur, on y plonge au coeur même de tous les drames humains, drames de guerres, drames de religions, drames de préceptes culturels. Je comprends trop bien qu'une chaîne de violences puisse s'installer lorsque l'on vit au Moyen-Orient ou dans tout pays en guerre. "Briser la chaîne de violence", voilà donc le véritable propos de ce film.
Cette histoire me hante et j'espère qu'elle continuera de bouger en moi, qu'elle continuera de me sortir de mon cocon de québécoise n'ayant pas connu la folie guerrière ou si peu! Qu'elle continuera de m'ouvrir aux autres. Qu'elle continuera de m'orienter vers la paix en moi et autour. Dans notre riche Amérique du Nord (eh oui, "riche" malgré la crise économique!), il est si facile d'oublier la Palestine, l'Irak, l'Iran, l'Afghanistan, les pays africains ou de l'extrême-orient, d'oublier les millions de déplacés et de morts qui ne demandaient qu'à poursuivre eux aussi une vie calme et paisible! Agir ici, en moi et parmi les miens, mais demeurer ouverte dans le coeur et l'esprit à tous les autres.
Merci à Denis Villeneuve et toute son équipe et merci à Wajdi Mouawad dont la pièce "Incendies" a été l'inspiration de ce film.
4 commentaires:
Je l'ai toujours aimé ce gars. Déjà dans La course autour du monde...
Il était à Tout le monde en parle dimanche dernier et sa réserve naturelle n'enlevait rien à son sérieux, au contraire.
Tes impressions lui rendent un bel hommage et me confirment aussi dans l'idée que je vais le regarder.
Est-ce dans le genre Un dimanche à Kigali que je n'ai pas pu regarder en entier tellement c'était difficile?
Merci ClaudeL. J'au vu TLMP et suis tout à fait en accord avec toi.
Pas du tout comme "Un dimanche à Kigali" (avec lequel j'ai aussi eu de la difficulté), si ce n'est qu'il y a la guerre. Plutôt tragédie grecque ou drame shakespearien: le thème est universel et fort.
Je veux aussi lire l'oeuvre de Wajdi Mouawad.
J'ai hâte de lire tes impressions!
J'avais déjà envie de le voir... Avec de tels mots, j'ai encore moins le choix. C'est vrai que ça a l'air très fort et puissant comme oeuvre de ce qu'on en dit partout.
wow ! magnifique critique qui me donne vraiment beaucoup le gout d'y aller.
Tout à fait le genre de film que j'aime voir quand je vais à mon festival des films du monde.
Merci pour ce petit coup de pouce qui me donnera l'énergie pour y aller !
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