dimanche 27 juillet 2008

...chacun son métier!




J'en suis encore toute remuée! Avant-hier, l'émondeur est venu couper trois arbres morts ou presque et devenus dangereux. Je n'avais jamais vu quelqu'un grimper dans un arbre à une hauteur d'environ 40 mètres. Lorsque je l'ai aperçu, Patrick avait déjà scié les branches rencontrées durant son ascension et se tenait à environ 5 mètres de la cime, bien harnaché à l'érable. Ils oscillaient tous les deux, l'homme et l'arbre, d'un même mouvement lent! L'ahurissement et l'angoisse m'ont littéralement sidérée! J'en ai oublié de prendre une première photo. En voici quelques autres, un simple raccourci de tout le processus. La lenteur et la prudence de ses gestes m'ont inspiré confiance. Et je vous rappelle, qu'il monte là-haut, encablé, chaussé de crampons, ceinturé à l'arbre, avec arrimés à sa ceinture une scie à chaîne, et différents gréements. Dans ses poches, des limes pour la scie et un caillou porte-bonheur que lui a donné sa fille. Chacun son métier n'est-ce pas!

Cet homme aime les arbres et les connait bien. Il les ausculte, les écoute, les regarde attentivement. Ces gens qui possèdent un savoir à eux dont j'ignore presque tout me fascinent. J'aurais mille questions à lui poser sur les arbres, ces créatures ligneuses dont je partage la vie depuis bientôt trois ans. Trois belles années de beauté, de vie quotidienne dans la splendeur de l'été, la grisaille de l'automne, le silence feutré de l'hiver et les résurrections printanières. En forêt, tout prend une dimension différente: vents, pluies, neige, verglas, brouillard... Il est différent de côtoyer tout cela dans l'intimité et sous la protection des grands arbres.
Triste nouvelle: il reviendra couper trois autres arbres, dont les deux grands érables en façade de la maison! Nous avions tout fait pour les protéger lors de la construction!

jeudi 24 juillet 2008

...le châle mauve de Béatrice!

J’avais trente ans, elle, soixante. Elle était russe et bibliothécaire. Russe et excessive dans tous ses élans, les joyeux et les autres. Elle me racontait ses rêves, des rêves troublants qui m’ont hantée des jours, des années durant. Elle me vouvoyait et j’aimais me laisser bercer par son accent slave.

– « Depuis quelques temps, je vois des choses…des gens, des vieillards ! J’aime beaucoup les vieilles gens vous savez! Je parle à tous ceux que je vois même si je sais qu’ils ne sont pas vraiment là. Mais en même temps, je vous assure, ils sont là…ils existent dans ma tête ! »

Elle vérifiait du coin de l’œil comment je la suivais dans son récit, puis continuait :
– « Vous savez, je vois derrière ma maison des animaux qui mangent de l’herbe, et je ne comprends pas, parce qu’en même temps je sais qu’il n’y a qu’une ruelle d’asphalte et des vidanges et des voitures, sans le moindre brin d’herbe ! C’est comme si je vivais dans plusieurs mondes à la fois ! »

– « L’autre jour sur la rue, j’avais soif, terriblement soif. Un vieil homme s’est approché et m’a tendu une cruche. C’était du vin rouge et je n’aime pas le vin rouge. Alors, il m’a offert une autre cruche en me disant : « Bois, et ceci étanchera toutes tes soifs, absolument toutes tes soifs ! J’ai eu peur, j’ai reculé. « Non, non, vieil homme ! Si tu m’enlèves toutes mes soifs, que me restera-t-il ? Pourquoi, comment continuerais-je à vivre ? Je ne veux pas devenir un légume ! »

Entre le rêve et la réalité, ainsi allaient ses histoires que j'adorais!
Bohème, fantaisiste, très tchékovienne, Béatrice, se faisait aussi appeler Asya. Elle travaillait comme bibliothécaire dans une école de théâtre, une bibliothécaire qui classait, bichonnait ses livres avec rigueur et tendresse. Pour peu qu’elle perçoive de l’intérêt chez l’emprunteur de livres, moult remarques et recommandations accompagnaient chaque prêt. Imprévisible, il lui arrivait de s’emporter avec véhémence. Mise en confiance, elle parlait beaucoup, avec émotion, mais demeurait plutôt discrète sur les événements importants de sa vie. Avec le temps seulement, quelques informations ont filtré.

Elle avait fui l’URSS, puis l’Europe de la deuxième guerre pour finalement aboutir au Canada avec ses jumeaux, Igor et Dimitri. Tout en travaillant, elle avait fréquenté l’université et obtenu un diplôme de bibliothécaire. Elle était une femme généreuse, pleine de démesure, fascinante et parfois insupportable.

J’aimerais tant certains jours encore m’envelopper dans le grand châle mauve qu’elle m’avait tricoté, et l’écouter raconter ! Ou encore, cuisiner des montagnes de blinis et autres douceurs russes, comme lorsqu’elle m'avait recrutée en prévision d'un party.
– « Je veux faire une grande fête pour tout le monde que j’aime. J’ai besoin de votre aide mes petites filles ! Samedi, dans deux semaines, vous pourriez arriver le matin et m’aider à tout préparer ! » Comment aurions-nous pu refuser ? Béatrice Asya, se conduisait comme notre mère: conseils, surveillance, remontrances, petites attentions … et, toutes les exigences d’une mère.
Ce samedi-là en particulier, nous nous retrouvions chez elle. Un vaste appartement du vieux Westmount, sombre, encombré, exubérant comme sa propriétaire. Une propriétaire, ce matin-là, fébrile et quelque peu désorganisée ! Nous avions pris les choses en main, celles de la cuisine tout au moins. M’incombaient, la cuisson d’une quantité faramineuse de petites saucisses et la préparation d’un Everest de blinis! Il me sembla passer des heures à faire cuire les innombrables petites crêpes fourrées d’une farce délicieuse. Une autre s’affairait aux salades, aux autres plats. Asya nettoyait et décorait l’appartement avec un des jumeaux, Igor je crois, dont il fut décidé « qu’il était au moins aussi beau que le docteur Jivago ». Igor et sa mère suspendaient des guirlandes de toutes les couleurs, organisaient l’éclairage tamisé, préparaient les tables, les fleurs ! En fin de journée, épuisées et revêtues de nos plus beaux atours, nous nous sommes joints à la faune des amis d’Asya, comédiens, décorateurs, étudiants, artistes ! La seule personnalité d’Asya donnait le ton à la fête. Exultation, célébration, originalité ! Je garde souvenir d’un mélange excentrique de Fellini et de la Comédie Française saupoudré de l’univers de Michel Tremblay ! C’est tout dire !

Quelques jours après la fête, une Asya ravie, a remis à ses aides, d’immenses châles crochetés avec amour. Le mien était mauve, un vrai mauve bien mauve ! Pas vraiment ma couleur préférée, mais tellement baigné d’amour dans chacune de ses mailles. Aussi vaste, chaud et confortable que les bras d’Asya Béatrice, ma maman russe d’adoption ! Je m’y suis vautrée, réfugiée, confortée dans ce grand châle, au fil des événements et des rencontres. J’y ai réfléchi, fait des choix, ri et pleuré, parfois les deux à la fois, jusqu’à ce que les mailles n’en puissent plus et cèdent, fatiguées à leur tour de mes excès d’intensité.

...de la belle visite!


Comment peut-on presser sur la gachette et détruire tant de beauté?

Elle est arrivée sur la pointe des sabots dans l'ensoleillement (rare cet été!) d'une chaude matinée et s'est approchée à deux mètres de notre maison! Je l'ai photographiée sous toutes ses coutures, discrètement, de l'intérieur de la maison.
Et je pensais aux chasseurs et j'essayais de comprendre!!! Je le voudrais dépassé ce besoin testorénique de chasser, d'abattre, de ramener des provisions de viande fraîche à la caverne! Hélas, c'est compter sans le lobby des armes à feu et la confrérie des chasseurs invétérés. Mes petits, il ne s'agit plus de survivre en chassant la bête. Passez plutôt par la boucherie du super marché!

mardi 22 juillet 2008

...tante Eleanor!

«Vous gagnez de la force, du courage et de la confiance avec toute expérience où vous vous arrêtez pour regarder la peur en face. Vous devez faire les choses que vous croyez ne pouvoir faire.»– Eleanor Roosevelt

Anna Eleanor Roosevelt est de ces femmes que j'aurais aimé connaître! Forte personnalité et libre d'esprit à une époque (celle de mes parents) où en grande majorité, les femmes québécoises se résignaient à une vie de servantes que l'on osait affubler du prestigieux titre de "Reine du foyer"!

Je ne crois pas que nos mères aient toujours été dupes (elles n'en pensaient pas moins...)! Petite fille, j'entendais des phrases qui me font frissonner aujourd'hui. Style: "La politique, ce n'est pas pour les femmes, elles n'y comprennent rien!" Ou encore "la femme, occasion de péchés" dixit nos chers évêques et curés! Les femmes? Tout juste bonnes à faire des enfants, le ménage, la cuisine, à prendre soin du confort des autres, tout juste bonnes à seconder l'Homme de la maison! Leur seul choix: servir un mari ou entrer au service de Dieu! On se méfiait des femmes célibataires et dans leur dos, elles étaient taxées d'égoïstes, à moins qu'elles ne soient servante de curé ou sacristine!

Oui, j'aurais aimé que dame Eleanor soit ma tante! Clin d'oeil: à la naissance, elle portait déjà le nom de Roosevelt!

mercredi 9 juillet 2008

...en avant toute!

Voilà. Après des mois de patience, de distractions, de chemins de travers obligés (après tout, nous terminons la construction de notre maison nous-mêmes...), mon atelier est finalement viable. Pas complètement terminé, ni en ordre, - qui voudrait d'un atelier trop ordonné? - mais fonctionnel! Les papillons et les doutes reviennent: après tout, il y a longtemps que je ne me suis remise à la peinture. Dix ans, je crois! Alors, it's now or never!

J'espère que peindre me fera oublier ces douleurs désagréables à la jambe qui reviennent sans aucun rapport avec mes activités physiques. Vive les Tylenol! La vie est courte, profitons-en!
Cet avant-midi, j'ai fait de la confiture de fraises. Pas trop sucrée et à conserver au congélateur. Des confitures qui goûtent vraiment les fraises fraîches au beau milieu de l'hiver. Un luxe.

Hier, nous avons finalement trouvé la Fromagerie Dietrich à Noyan. Des fromages super délicieux. Le Douanier, celui qui est vieilli et qu'on ne trouve pas ailleurs qu'à la fromagerie, est extraordinaire à l'heure de l'apéritif ou du dessert. Le Port-Royal, un fromage très doux, je le réserve au petit déjeuner. J'ai bien l'intention d'essayer tous leurs produits dans les semaines à venir.

Entre la lecture, la peinture, l'écriture, la voile, le piano, la cuisine, le jardinage, les travaux sur la maison et les gens que j'aime, je me sens souvent écartelée.... Le temps me manque! Heureusement, que je n'ai plus l'énergie de mes quarante ans, je voudrais en plus partir aider là où on a besoin de bras.

jeudi 3 juillet 2008

...Ah les enfants!

Je reçois cette histoire de mon ami Michel T. Toujours l'histoire fine et intelligente, celle qui fait du bien aussi. Je la partage avec vous.

Lorsque je travaillais pour une organisation qui livre des lunchs dans un foyer pour personnes âgées, j'avais l'habitude d'amener ma petite fille de 4 ans avec moi.
Les divers accessoires des vieillards, particulièrement les cannes , marchettes et fauteuils roulants l'intriguaient beaucoup.

Un jour, je la retrouve fascinée devant un verre contenant un dentier. Comme je me préparais pour la suite inévitable de questions, elle se tourne simplement et chuchote : — « La fée des dents ne croira jamais ça ! »

Adorable n'est-ce pas! Que la force soit avec vous!

mardi 1 juillet 2008

...le 1er juillet et l'été!

Aujourd'hui, les canadiens célèbrent leur pays et la confédération de 1867.  Comme bon nombre de québécois qui ne se sentent pas canadian, l'événement me laisse indifférente.  Pas du tout hostile, je me réjouis pour eux, mais demeure vraiment indifférente.  Disons que je respecte leur allégresse et leur droit de la manifester....  Au moins, faisons preuve de tolérance et de respect envers eux!

Ce qui m'embête le plus en ce premier jour de juillet, c'est que mai et juin sont derrière nous.  Faut dire que juin et ses pluies diluviennes ne me manquera pas beaucoup, bien qu'il en soit résulté des feuillages surabondants et des vert d'une profondeur unique.  La nature, cette année, est plus luxuriante qu'a l'habitude.   Comme on ne peut rien changer au temps qui passe, réjouissons-nous du moment présent et du soleil qui ose se montrer deux jours d'affilée.

Je lis Rebelle sans frontières de Marc Vachon.  La biographie d'un enfant abandonné, trimbalé de foyer en foyer, qui glisse dans la drogue et la criminalité.  Il travaille maintenant depuis plusieurs années pour des organismes humanitaires, principalement Médecins sans frontière.  Un livre intelligent et lumineux comme l'auteur, écrit en collaboration avec le journaliste François Bugingo.  Je le recommande absolument.  Pas d'apitoiement, ni de sensationnalisme.  La réalité suffit!