Des jours et des jours sans écrire. Faut dire qu’à ce
temps de l’année, les activités se multiplient. Terminés, les rapports d’impôt
annuels. Dehors, un printemps, pour une
fois, normal, avec des hauts et des bas, une constante plutôt fraîche. Mais tout de même, au jardin, l’ail pointe et
les bulbes fleurissent. Ma liste de travaux
extérieurs aussi. Mon corps peine un peu
à se mettre au diapason de cette liste : je suis plus fatiguée que normal,
avec quelques douleurs aux épaules et aux bras.
Trop de râteau et de pelle et je n’ai pas fini…. J’ai tout au moins l’intelligence de me
reposer et d’adapter mon entraînement en conséquence.
Écrire me
manque. J’en prends conscience
maintenant. Comme si mon cerveau s’y
déchargeait d’un trop plein. Trop plein
d’événements tragiques. Aujourd’hui le
frère, seul survivant des attentats de Boston, est transféré de l’hôpital à
l’infirmerie d’une prison. Puis, ce
matin, une autre fusillade a eu lieu en France : un désaxé a fait feu sur
trois personnes inconnues de lui, comme s’il se croyait dans un des jeux vidéo
dont il raffolait. Il s’était procuré un
fusil d’assaut sur le web. La police qui le connaissait, a trouvé à son
domicile plusieurs armes. Il avait 19
ans.
D’un côté,
je me demande s’il est bien utile que je sache tout cela, de l’autre, je ressens
une grande désolation et une immense empathie pour tous ces gens innocents sur
lesquels le malheur s’abat. Et les
criminels à l’origine de ces tueries stupides me questionnent aussi. On dirait bien que l’humanité dans son
ensemble peine à suivre ... On dirait bien que notre mode de vie
supposément amélioré nous fasse oublier le réel, le concret. L’être humain n’a même plus le temps ou le
goût de se questionner, de réfléchir, il se borne à réagir. Et cela se traduit parfois par des
fusillades, des attaques, des violences, des suicides…. Et une augmentation faramineuse des maladies
mentales.
Ce qui me
console, ce sont les Hubert Reeves, Benoît Lacroix, Victor Teboul et Michel
Freitag de ce monde, ceux-là qui réfléchissent, qui éclairent la voie. « On
est en guerre pour la survie de l’espèce humaine et de la planète qui est
menacée par la logique du système que nous désirons encore sauver plutôt que
d’en changer. » Michel Freitag, sociologue québécois d’origine suisse
mort en 2009, le « géant méconnu de la sociologie québécoise » selon
le journal Le Devoir. Aujourd’hui, la
croissance économique est devenue un dogme qu’on ne questionne pas. « Elle s’impose, disait Freitag, comme
cadre général de tous les domaines de la vie sociale…. Et cela conduit
nécessairement à un débalancement de l’équilibre entre la vie sociale et la
nature. À terme, le développement du
capitalisme conduit à la destruction de la planète. …on est pris dans une
situation quasi tragique : ou bien on sauve l’économie au détriment du
monde, ou bien on sauve le monde en sacrifiant l’économie, c’est-à-dire la vie
des gens. » M. Freitag fait une
comparaison stupéfiante entre la Bourse et le Joueur compulsif : les deux
n’ont qu’une seule et simple motivation, le Gain. Le drame dans le cas de la Bourse, c’est
qu’on y joue nos vies par le biais de nos épargnes, et on y joue de surcroît l’avenir
de notre Planète.
Quand on
sait combien il est difficile de guérir un joueur compulsif, que dire de
l’improbable guérison de tout un système.