vendredi 26 avril 2013

...notre monde !


Des jours et des jours sans écrire.  Faut dire qu’à ce temps de l’année, les activités se multiplient. Terminés, les rapports d’impôt annuels.  Dehors, un printemps, pour une fois, normal, avec des hauts et des bas, une constante plutôt fraîche.  Mais tout de même, au jardin, l’ail pointe et les bulbes fleurissent.  Ma liste de travaux extérieurs aussi.  Mon corps peine un peu à se mettre au diapason de cette liste : je suis plus fatiguée que normal, avec quelques douleurs aux épaules et aux bras.  Trop de râteau et de pelle et je n’ai pas fini….  J’ai tout au moins l’intelligence de me reposer et d’adapter mon entraînement en conséquence.

Écrire me manque.  J’en prends conscience maintenant.  Comme si mon cerveau s’y déchargeait d’un trop plein.  Trop plein d’événements tragiques.  Aujourd’hui le frère, seul survivant des attentats de Boston, est transféré de l’hôpital à l’infirmerie d’une prison.  Puis, ce matin, une autre fusillade a eu lieu en France : un désaxé a fait feu sur trois personnes inconnues de lui, comme s’il se croyait dans un des jeux vidéo dont il raffolait.  Il s’était procuré un fusil d’assaut sur le web. La police qui le connaissait, a trouvé à son domicile plusieurs armes.  Il avait 19 ans.

D’un côté, je me demande s’il est bien utile que je sache tout cela, de l’autre, je ressens une grande désolation et une immense empathie pour tous ces gens innocents sur lesquels le malheur s’abat.  Et les criminels à l’origine de ces tueries stupides me questionnent aussi.  On dirait bien que l’humanité dans son ensemble peine à suivre ...  On dirait bien que notre mode de vie supposément amélioré nous fasse oublier le réel, le concret.  L’être humain n’a même plus le temps ou le goût de se questionner, de réfléchir, il se borne à réagir.  Et cela se traduit parfois par des fusillades, des attaques, des violences, des suicides….  Et une augmentation faramineuse des maladies mentales.

Ce qui me console, ce sont les Hubert Reeves, Benoît Lacroix, Victor Teboul et Michel Freitag de ce monde, ceux-là qui réfléchissent, qui éclairent la voie.  « On est en guerre pour la survie de l’espèce humaine et de la planète qui est menacée par la logique du système que nous désirons encore sauver plutôt que d’en changer. » Michel Freitag, sociologue québécois d’origine suisse mort en 2009, le « géant méconnu de la sociologie québécoise » selon le journal Le Devoir.  Aujourd’hui, la croissance économique est devenue un dogme qu’on ne questionne pas. « Elle s’impose, disait Freitag, comme cadre général de tous les domaines de la vie sociale…. Et cela conduit nécessairement à un débalancement de l’équilibre entre la vie sociale et la nature.  À terme, le développement du capitalisme conduit à la destruction de la planète. …on est pris dans une situation quasi tragique : ou bien on sauve l’économie au détriment du monde, ou bien on sauve le monde en sacrifiant l’économie, c’est-à-dire la vie des gens. »  M. Freitag fait une comparaison stupéfiante entre la Bourse et le Joueur compulsif : les deux n’ont qu’une seule et simple motivation, le Gain.  Le drame dans le cas de la Bourse, c’est qu’on y joue nos vies par le biais de nos épargnes, et on y joue de surcroît l’avenir de notre Planète. 

Quand on sait combien il est difficile de guérir un joueur compulsif, que dire de l’improbable guérison de tout un système.