Je viens de terminer « Cet instant-là » de Douglas
Kennedy. Un roman dont une grande partie
se passe à Berlin à l’époque du tristement célèbre Mur! Outre la trame et les personnages de l’histoire
bien menée, l’ambiance du roman ne me lâchera pas de sitôt. Le fameux Mur justement…13 août 1961 au 9
novembre 1989… pendant plus de 28 ans, les Allemands de l’est ont supporté les
brimades, les exactions et bien pire encore d’une bande de cerbères déjantés
hantés par le fantôme de Staline. Tout
au long de l’histoire, je ne pouvais m’empêcher de me reporter à mon histoire personnelle
à la même époque. Même sachant qu’il s’agit
d’un roman, américain de surcroît, je sais trop bien que l’auteur n’exagère pas
le climat étouffant, les délations, les punitions et la torture sous la férule
de la tristement célèbre Stasi…
Étrangement, ce que l’on appelait « la guerre froide » dans ma
jeunesse m’était demeuré un concept, même après avoir lu quelques articles
dénonciateurs suite à la chute du mur de Berlin. En 1970, nous, ici, vivions le « flower
power » et la liberté alors que derrière les murs érigés par l’Union
Soviétique et ses sympathisants, des populations entières, mal nourries, mal
vêtues, habitées par la peur, courbaient le dos et se résignaient à une vie
dépourvue de sens malgré les grandiloquentes déclarations de leurs dirigeants.
Outre les bons moments passés à la lecture de ce roman, je
suis reconnaissante à Douglas Kennedy d’avoir réveillé ma mémoire, ma
sensibilité à l’histoire allemande de l’après-guerre!
Qu’elle est importante la mémoire! Trop souvent sous prétexte d’objectivité et
de recul, les historiens se refusent à parler du quotidien des petites gens qui
ont fait et vécu les grands évènements de leur époque. Les historiens se retranchent dans leur tour
d’ivoire jusqu’à ne plus voir ceux qui meurent, qui souffrent, qui sont
déchirés, ceux qui pillent, torturent, épient et trahissent. On réécrit l’Histoire, comme on l’a fait ici
au Québec où la Conquête est devenue un simple changement de régime. Encore heureux qu’on ne soit pas allé jusqu’à
détruire les archives. Je ne vois pas
pourquoi, sous prétexte de ménager la chèvre et le chou, les autorités se sont
senti justifiées d’arrondir les aspérités de ce qui a été notre Histoire. Nous sommes passés d’une Histoire peuplée de
bons et de méchants, de héros ou de traîtres à une Histoire totalement
désincarnée faite de concepts et de quelques dates! Il me semble qu’entre les deux, il y a place
pour autre chose.
Vivement que les vrais historiens passionnés se remettent à
l’ouvrage et donnent toute sa place au peuple qui a construit le Québec et
continue de le faire!