vendredi 8 octobre 2010

... et vieillir en beauté !

J'aurai 67 ans à la fin du mois.
Au fil des années, je me vois vieillir tout doucement et…très certainement. Il y a les pattes d’oies, rides, ridules, faiblesses, douleurs, ramollissements et autres flétrissures du corps qui n’ont, pour moi, pas encore de véritable importance, puisqu’ils me ralentissent peu !  Lorsque je regarde mes seins, confiait en riant une sémillante jeune femme de presque 80 ans à l’émission d’Oprah Winfrey, j’ai l’impression d’assister à une course : lequel des deux arrivera à ma taille le premier ?

Avec les années, il y a l'apprentissage du deuil, de toutes sortes de deuils.
À l’été de 1999, j’avais 55 ans, la femme forte, pétante de santé et d’énergie que j’étais, a frappé le mur et pris conscience de sa vulnérabilité lorsqu’un diagnostic d’arthrite rhumatoïde est tombé. Ont suivi après le choc initial, la révolte, le refus, la recherche constante d’informations, l’intention bien arrêtée de me battre contre une situation où je ne me reconnaissais pas, et j’ai finalement apprivoisé la bête. Je suis guérie, ou presque, mais on me dit en rémission, terme médical que j’ai d’abord détesté, qui sous-entend la maladie est toujours là, à l’affût, prête à frapper… Vilaine, cette habitude qu’a la médecine d’installer la maladie à l’extérieur de nous, de refuser de voir qu’elle puisse parfois être notre création, inconsciente, mais création tout de même ! Un matin, j’ai décomposé le mot ré mission et me suis donnée une nouvelle mission, celle de vivre à 100%, de jouir comme une perdue de cette belle et nourrissante aventure qu’est la vie ! Maintenant, j’ai rarement mal et je remercie à chaque jour pour ce que cette difficile et désagréable maladie m’a appris.

Au bilan donc, je vieillis plutôt bien , heureuse d’avoir dépassé une frontière, où n’ont plus place les attentes, les ambitions effrénées bien que légitimes du passé. Parce qu’il y a, n’en déplaise à nos beaux jeunes et à certains moins jeunes, des avantages à vieillir ! Confrontée à l’ombre de la mort, les points de vue changent, le poids des choses aussi. Ce qui, à trente ou quarante ans, me faisait courir, m’inquiétait, me torturait, me fait maintenant sourire, tout au plus soupirer ! Et s'il m'arrive d'enrager, je passe tellement plus vite en mode "solution"!  Il y a quelque chose de réconfortant à quitter la masse de ceux qui font pour joindre les rangs de ceux qui sont (ce qui ne m'empêche pas de faire à mes heures)! On peut être à tout âge me direz-vous, mais rares sont les plus jeunes qui s’y mettent vraiment, pour ma part, je dérogeais souvent à leur âge ! Et puis, je les comprends encore ceux qui font,  il m’arrive même de les envier parfois... Mais, il y a, disent les sages, un temps pour chaque chose !  Et j'ai laissé le volant à d'autres avec plaisir... pour aller marcher dans le paysage que je voyais défiler à toute allure jusque là!

9 commentaires:

L'impulsive montréalaise a dit...

Quel texte superbe.

Vieillir ne m'a jamais dérangée jusqu'à maintenant. Mais je suis jeune encore il est vrai. Tout de même quand je vois tout le monde autour de moi qui se plaint d'atteindre la trentaine (ds quelques mois pour moi), je suis la seule qui dit en être contente, que ça ne la dérange pas. Parce que la vérité, c'est que je ne retournerais jamais en arrière. Alors si pour ça, il faut vieillir, que les années viennent !

C'est pour ça qu'un texte comme celui-ci me fait plaisir. Parce que les années, ça peut être beau. Vraiment. Dépendant de quel angle on choisir de les regarder.

Éléonore a dit...

Un texte plein de sagesse et de lucidité.
J'aime ton approche de la maladie et comment tu as fait face par des lectures et par la prise en main.
J'ai particulièrement aimé ton commentaire sur les médecins et la rémission.... ben , oui il gardent ainsi une main sur toi, ils se réservent le droit de te dire guérie, naturellement toi tu n'en sais rien (selon eux)

Vieillir, nous n'y pouvons rien, alors vaut mieux en tirer le meilleur avec sérénité.

Anonyme a dit...

Je crois savoir qu'à partir de 20 ou 22 ans, le corps humain amorce son déclin!

Cela me semble un peu prématuré mais une chose est certaine, à partir de 50 ans, si au réveil on ne ressent aucun mal, c'est qu'on est mort!

Accent Grave

Djemaa a dit...

Bon dimanche à tous et vive les "blogueurs" ! Pascal.

Grimimi Sue a dit...

Bonsoir Marico,
Ton billet ouvre la porte vers le plaisir de vieillir.
En août, j'ai eu 67 ans sans que cela vienne me déranger. Bien au contraire !
Ce n'est pas la maladie mais depuis cinq ans, mes enfants m'ont, sans le savoir, fait faire un virage à 180 degrés. Tout ce qui arrive est là pour nous apprendre quelque chose. J'ai appris que ma vie je dois la vivre et en apprécier tous les instants sans attendre...

Rosa a dit...

J'aime beaucoup cet éloge de la vieillesse.
en fait le goût du bonheur est une culture et si on ne l'a pas acquise avant c'est trop tard.
J'ai 63 ans mais je suis dans le même train que toi.
Aux avantages de la vieillesse j'ajouterai la Liberté : on n'a plus rien à craindre et dire ce qu'on veut, à qui on veut quand on veut (enfin ! presque !)

Nanou La Terre a dit...

Plus je lis, plus j'aime, plus je découvre la magnifique personne que vous êtes. Je me sens heureuse vraiment d'avoir fait votre découverte et c'est toujours avec une très grande émotion que je lis vos billets. Des réflexions toujours empreintes d'une grande sagesse, un merveilleux sens positif de la vie, de la belle et douce lumière chez toi et, une plume extraordinaire, oui... J'adore, vraiment, et j'ai de plus en plus hâte de lire le prochain billet.

Merci beaucoup...

Petite libellule a dit...

Je rejoins les autres commentaires. Quel texte magnifique, quelle philosophie de vie empreinte de sagesse. Je n'ai que 34 ans, et donc, je "fais" encore beaucoup, mais j'espère, avec les années, avoir votre fraîcheur et votre flamme, ainsi que cette capacité d'être. Tout simplement.

hpy a dit...

Je crois que, pour beaucoup de nos petits bobos qui n'ont rien à voir avec des maladies plus grave, on peut arriver à s'en guérir en les ignorant. En n'en tenant pas compte, en les oubliant. En somme, il ne faut pas toujours écouter ses mauvais cotés.
Ceci a néanmoins un mauvais coté, on peut passer à coté d'une maladie plus grave qui aura ainsi le temps de s'installer.
Il faut trouver le juste milieu et rester résolument positif.