mardi 5 octobre 2010

...d'octobre 70 à octobre 2010 !

40 ans ont passé. Déjà!  À la télé, dans les journaux, on nous promène à travers les rues du Montréal d'octobre 1970 qu'animait l'armée "canadian"!

C'est de Trois-Rivières que j'ai vécu les événements d'octobre 70.  Jeune maman de deux petites filles, je m'inquiétais pour mes amis et parents de la grande ville.  S'ils l'avaient voulu, je les aurais volontiers accueillis dans notre maison à l'abri de ce que j'appelais la répression!  Les tenants de l'ordre avaient réussi : les québécois avaient peur, j'avais peur.  Pas du FLQ,... de la police et des arrestations arbitraires!  J'avais très peur, moins des membres du FLQ que des gouvernants rigides qui ne voulaient pas comprendre le message de ceux-ci pourtant si clair, hommes politiques qui sous couvert de rectitude et de démocratie à protéger laissaient mourir un confrère et s'emballer de jeunes idéalistes sincères et prêts à tout!

Depuis quelques semaines, c'était inévitable, les documentaires et reportages spéciaux sur la crise d'octobre et ses principaux acteurs, se succèdent.  Certains recréent une partie de l'atmosphère qui régnait alors, mais une partie seulement.  Les plus sérieux admettent que des erreurs ont été commises de part et d'autre.  Un homme en est mort s'ajoutant aux six autres victimes du FLQ dans les années précédentes. Saura-t-on jamais toute la vérité? J'en doute. 

En 70, j'étais dans la vingtaine, remplie d'idéal et de bonne volonté!  Je voulais un pays, un pays juste. Eux aussi!  40 ans plus tard et dans la soixantaine, toujours remplie d'idéal et de bonne volonté, je souhaite à mes petits enfants:
  • le discernement pour éviter les pièges du consommateur, nouvel esclave des temps modernes;
  • de toujours conserver leur capacité de rêver et de les réaliser, ces rêves;
  • de l'énergie, de l'énergie citoyenne pour transformer leur société!
Et moi, je continuerai de m'intéresser, de m'informer, d'être attentive....sans oublier de passer à l'action!
Ce sont les actes qui changent le monde!

6 commentaires:

ClaudeL a dit...

Passer aux actes, oui, mais pas les actes violents, pas tuer. Dans le respect des idées de l'autre.

J'avais 19 ans, ma première année d'enseignement, ma première année à la campagne. Une nouvelle vie pour moi. C'était comme si ça se passait dans un autre monde auquel j'avais volontairement renoncé.

Marico Renaud a dit...

Merci ClaudeL.
Tout à fait d'accord avec toi. Tuer ne donne rien, sinon accélérer le processus d'oppression et de violence et c'est l'embarquement garanti dans une spirale noire et destructrice, semeuse de détresse!
En 70, j'avais 27 ans. Je rêvais d'un pays, j'en avais marre du mépris trop souvent vu à l'oeuvre de mes propres yeux, je voulais transmettre la fierté de mes ancêtres à mes filles. Pour la fierté, c'est chose faite sans aucune violence au contraire! C'est en soi qu'il faut abattre les obstacles, pas chez les autres!

Anonyme a dit...

Je crois qu'il n'y pas eu d'erreur du côté gouvernemental.

La pire menace que peut vivre un pays vient toujours de l'intérieur, quand une faction souhaite diviser le pays, faire l'indépendance d'un territoire... etc.

Je suis indépendentiste, un séparatiste, pur et dur. Néanmoins, je sais que l'indépendance ne se fait à peu près jamais sans que le sang coule.

J'affirme que les fédéralistes ont parfaitement joué leurs cartes. La preuve? Elle saute aux yeux: l'idée d'indépendance fut ralentie, presque stoppée. Le PQ est plus mou qu'un chiffon!

Aujourd'hui nous stagnons, la paix sociale existe, nous reculons un peu plus à tous les jours. Rares sont les gouvernements qui auront réussi un tel coup. La révolte est morte dans l'oeuf.

Je trouve un peu drôle que ceux qui entamment le combat nous disent que le gouvernement a bafoué les lois, la démocratie. Comment pourrait-il en être autrement? On combat le feu par le feu.

Je suis indépendantiste, mais je sais cela.

Accent Grave

Marico Renaud a dit...

Vu comme ça, je suis tout à fait d'accord. Les gouvernements n'ont pas bafoué les lois (ils ont même déterré celle des "mesures de guerre"), ce qu'ils ont bafoué c'est le droit de s'exprimer, de chanter, d'écrire, de sortir des sentiers battus en-dehors de toute violence de plus de 400 personnes. Ce qu'ils ont bafoué, c'est seulement la liberté d'expression!

Lorsque les québécois cesseront de croire les paroles en l'air des périodes électorales, qu'ils s'arrêteront pour réfléchir à leur implication personnelle dans la sorte de société qu'ils désirent et qu'ils le feront massivement, y en aura moins de problèmes. Naïveté peut-être, mais sens commun aussi!

Ce que j'ai appris de mon intérêt de toujours pour le Québec et la politique (science de la Cité, donc du bien commun, de son organisation et de son developpement), c'est que tout commence en soi: et le pays et l'engagement!

J'espère te retrouver Accent Grave; tu me donnes à réfléchir!

Zoreilles a dit...

Que j'aime « entendre » vos points de vue, toutes ces lectures différentes selon les expériences vécues, ces constats, ces visions, ces conclusions très réalistes!

Lors de la crise d'octobre 70, j'avais 13 ans, j'arrivais dans cette « grosse ville » abitibienne (Rouyn-Noranda) en provenance d'un petit bled minier qui avait poussé comme un champignon quelques années auparavant. L'armée, les hommes en uniforme avec casques et fusils au coin des rues, avec un fort déploiement trop impressionnant pour nous qui étions si impressionnables, tout ça me faisait vivre des questionnements qui seraient trop longs à énumérer ici. Je n'étais pas politisée à l'époque, je n'avais que 13 ans, mais ça a changé ma conscience du Québec et du monde à tout jamais.

Je suis devenue très tôt souverainiste jusqu'au fond de mon âme abitibienne et québécoise. Ça ne se manifeste plus, dans mon cas, à l'intérieur des partis politiques. J'ai travaillé très fort lors des référendums de 1980 et 1995, entre autres. Je croyais vraiment, quelle naïveté, qu'on allait être la première nation à obtenir son indépendance sans passer par les armes ni la violence...

Mon implication se vit maintenant ailleurs que dans les partis politiques, dans chaque petit geste, chaque prise de position, chaque décision. Je me reconnais et me motive davantage dans une occupation du territoire, une mise en valeur de nos ressources naturelles, le développement de notre potentiel inventif, créatif, humain, notre fierté nationale à laquelle j'adhère et je contribue à la hauteur de mes petits moyens. À ce sujet, je n'en peux plus de nous voir nous diviser, nous déchirer la chemise entre nous sur la plaque publique, le clivage entre Montréal et les régions, entre Montréal et Québec, etc. Personne n'a raison, tout le monde a tort dans cette lutte stérile qui nous oppose et nous empêche d'avancer. J'appelle ça « Voir petit ».

L'indépendance du Québec, c'est une manière d'être, de penser, de vivre, de rallier, de travailler, de créer, d'investir, de développer, etc. J'ai été trop désillusionnée au cours des dernières années quand j'ai travaillé (bénévolement) dans les coulisses du PQ et du Bloc.

De la crise d'octobre, je garde un souvenir amer et je ne comprends pas encore pourquoi, même 40 ans plus tard, ma petite ville était si intensément investie, menacée et surveillée par ces hommes au regard froid, armés, qui me traitaient comme une étrangère et me faisaient peur quand je sortais de l'école.

Marico Renaud a dit...

Chère Zoreilles,
Tes mots trouvent écho en moi, tout à fait.
Les régions ou les grandes villes, j'y ai vécu au fil des années et suis entièrement, tout à fait en accord avec toi. Notre Québec est si beau, si rempli de potentiel (et je ne parle pas ici de gaz de schiste, de pétrôle ou d'uranium), pourquoi, en effet, ne pas agir tous ensemble?